Elphia et le serpent sonnette : un conte

 

                   Une fois bonne fois, ein’tite Cadjinne habitait au bord du

     Bayou Bleu dedans le sud de la Louisiane. Encore jeune fille, mais

     ayant pas eu ses fleurs, ses beaux yeux marron brillent et ses

     cheveux châtains pendent jusqu’à sa taille.

                   Tous les samedis matins, Elphia allait chez sa Grand-mère

     Ta-ta. Sa mémère et elle preniont ensemble un bon café au lait et

     des croquessignoles. Par-dessus tout, Elphia aimait les contes que

     Mémère Ta-ta lui racontait au sujet des princesses et des princes.

                   Chaque fois qu’Elphia quittait la maison pour aller chez sa

     grand-mère, ses parents lui disiont: “ Reste sur le sentier, et parle

     pas aux étrangers.”

                   Un jour au mois de février, Elphia était en route pour se

     rendre chez Mémère Ta-ta. Ça faisait frette et des nuages de

     brumasse flottiont immobiles en-dessous des vieux cipres.

                   Lorsqu’elle était sur le point d’arriver, Elphia a entendu un

     petit train dans la brousse. Elle a arrêtée. Devant elle, un serpent

     à sonnette est apparu, grouillant par terre. Mais chose étrange,

     Elphia a pas couru. Le serpent la regardait drète dans les yeux,

     dansait et sonnait de ses sonnettes avec un tel charme qu’elle en

     était hypnotisée.

               “ Bonjour, jolie bassette,” disait-il, “Que tes lèvres sont

     rouges et belles. Que tes petits seins sont des boutons de roses.

     Que tu as le teint clair, la peau veloutée. Tu dois être une princesse.

     Il te sera donc facile de m’aider, hein chère? Car, moi, je suis qu’un

     pauvre serpent.”

               ” Je le regrette, Monsieur, mais je peux pas. Mes parents

     me disont tout le temps de rester sur le sentier et de pas parler aux

     étrangers.”

               ” S’il te plaît, chère, sois mon amie. Ça faisait soleil hier. Le

     dégel m’a réveillé tôt. Y a rien à manger au bord du bayou et j’ai

     entendu dire que ça va geler ce soir. Mets-moi donc dans ton

     manteau et emmène-moi avec toi, je t’en prie.”

               Alors, Elphia s’a assis pour y jongler, et pour se reposer un

     un peu, tout en regardant le serpent. “Qu’il est beau, avec ses

     losanges noirs sur l’échine de couleur rouille,” elle dit. “De plus, il

     a faim.”

               Finalement, elle a étendu les bras, a levé le serpent de la

     terrre, et l’a mis dans son capot, contre ses seins chaleureux.

     ” Pauvre petit loulou. Je vas pas te quitter mourir. On va chez ma

     grand-mère pour boire du bon café au lait et manger des

     croquessignoles.”

             Les deux amis ont continué vers la maison de Mémère Ta-ta.

     Trois cardinaux rouges étiont posés sur les branches nues des

     chênes au bord du chemin. Subite, le serpent s’a déployé et

     a piqué Elphia sur la fesse. La fille s’a mis à brailler, en hurlant :

     ” Comment tu peux me faire du mal comme ça ? Je croyais que

     tu étais mon meilleur ami.!”

             Le serpent lui a répondu: “ Tu as entendu mes sonnettes

     quand tu m’a pris par terre.” Et il a quitté Elphia, glissant sur le

     chemin de la Nouvelle-Orléans.

 

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Extrait de la revue“ Métamorphoses”  ( Special Issue on Francophone Literature 2003)

 

 

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Ce conte est mis sur Internet avec l’aimable autorisation de Beverly Matherne.

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